Récemment, je suis tombée sur un documentaire, produit par Netflix : Ladies First (Une femme d’abord). En quelques minutes, le documentaire plante le décor. Et d’un autre côté, il faut aller vite : le documentaire ne dure que 39 minutes. Bien trop peu pour parler d’un sujet aussi vaste. Si le thème de fond est la place des femmes dans le sport, la caméra se focalise surtout sur Deepika Kumari, une archère de 23 ans (un peu plus jeune lors du tournage).
Le parcours inspirant d’une jeune femme qui voulait juste s’en sortir
Si je réponds avec des mots, les gens oublieront. Si je réponds avec mes flèches, ils n’oublieront jamais. De Deepika Kumari.

Photo prise sur la page Facebook de Deepika Kumari
Une enfance dans la village de Ratu
Deepika Kumari a grandi à Ratu, un village indien. Les filles n’ont pas beaucoup de choix pour s’amuser et se divertir. Cela a été encore plus difficile pour Deepika Kumari qui, en tant qu’aînée, a dû rester à la maison afin d’aider sa mère dans les tâches ménagères. Sortir ? Cela lui était interdit.
Toutefois, sa mère a eu un rôle de modèle pour Deepika Kumari. Elle était l’une des rares femmes du village à travailler. Surtout, elle lui a appris à être indépendante très tôt.
Très rapidement, Deepika Kumari a rêvé d’une autre vie. Elle rêvait de partir loin, très loin. C’est donc avec logique qu’elle est partie du village. Quand les autres filles étaient promises à des hommes, elle a décidé de prendre son avenir en main.

Photo prise sur la page Facebook de Deepika Kumari
Les premiers pas au tir à l’arc
C’est à l’âge de 12 ans qu’elle entre dans une école qui donne des cours de tir à l’arc. 12 ans, vous imaginez partir de votre maison à cet âge ? Surtout, déjà à cet âge, elle fait preuve d’une force de caractère incroyable. Alors que l’entraîneur n’y croit pas en elle, Deepika Kumari lui demande seulement de lui laisser trois mois. Trois mois pour faire ses preuves.
Et même si le tir à l’arc ne l’intéresse pas à l’époque, elle se donne à fond. Elle parvient à démontrer ses capacités et ses compétences. A 13 ans, elle passe ainsi les sélections du centre de tir à l’arc TATA (pas ta tante, mais un centre de formation).
En un an, elle devient championne du monde Junior. Ouais, la meuf n’est pas là pour se tripoter le clito’. Elle est là pour gagner ! Elle déchire et à force, elle se découvre une véritable passion pour le tir à l’arc.
De 2010 à 2016, elle gagne une trentaine de récompenses, dont 8 médailles d’or. Elle devient même numéro un mondiale. Hé ouais. Grâce à cela, Deepika Kumari aide ses parents à construite une maison bien plus confortable.

Photo du site World Archery
Le défi de ses premiers Jeux Olympiques
En 2012, elle participe à ses premiers J.O., à Londres Elle a alors toute l’Inde derrière elle. Ils y croient parce qu’elle est en forme, mais aussi parce qu’aucun athlète n’a remporté de médaille aux J.O. du tir à l’arc. Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu. Elle a été dépassée par une concurrente.
Dire qu’elle a bien pris sa défaite serait mentir. Après des mois d’entraînements, à espérer et à y croire, Deepika Kumari souffre de dépression. Plus aucun espoir. Plus aucune envie. Cela se ressent au niveau de ses performances.

Photo du site Scroll.in
L’acharnement pour retrouver confiance en elle
Grâce aux encouragements de son entraîneur, Deepika Kumari tourne la page. Dans le documentaire, elle a cette phrase magique : « On ne peut pas changer le passé« . C’est si vrai et en même temps, si logique.
Je suis assez forte et j’ai assez d’assurance pour savoir que je ne retournerai pas en arrière. Je vais persévérer, abandonner n’est pas envisageable. Cette fois-ci, je vais me battre ! De Deepika Kumari.
Et elle y parvient ! Pendant les épreuves qualificatives des Jeux Olympiques de 2016, elle bat le record du monde. Cet acharnement a tout de même un prix. Elle a très peu d’amis. Elle ne se laisse pas les moyens de se déconcentrer de son objectif. Elle travaille, silencieusement, sans jamais en parler autour d’elle. Mais Deepika Kumari avance et ne quitte pas des yeux son objectif.
Même si les J.O. de Rio n’ont malheureusement été concluants pour elle, j’ai trouvé ce portrait important à faire. Deepika Kumari a fait preuve d’abnégation, malgré la pression et une blessure. Et bon sang, elle a 23 ans. VINGT-TROIS ANS (je l’écris en gros pour qu’on enregistre bien cette information). J’avais son âge il y a quelques mois encore et pourtant, je n’avais pas la même force mentale. Je n’avais pas la même maturité.
Elle a dépassé ce qu’on attendait d’elle (être femme au foyer et s’occuper de l’entretien de sa maison). Elle s’est créée sa propre voie, là où personne ne l’attendait (moins de 1 % des Indiennes pratiquent une activité sportive). Elle m’a impressionné, elle m’a inspiré. Et j’espère que son parcours vous marquera aussi !
2 Commentaires
Ca me fait un peu penser à Perrine Laffont. Bon, on est d’accord, elle n’a pas du tout eu la même enfance, mais je suis toujours admirative de ces personnes qui arrive à se surpasser. Être championne olympique à 19 ans ce n’est pas le cas de tout le monde, il faut beaucoup de sacrifices pour en arriver là. Je trouve ça beau de se donner autant pour une passion et aussi se donner les moyens de réussir.
Je partage ton avis. C’est beau et inspirant de voir des gens se donner les moyens d’aller au bout de leur passion. Ca l’est encore plus quand ce sont des jeunes femmes de 18-19 ans !